ZOOM SUR LE CADRAGE EN 3D

Studio Persevoir newsletter 16

Une étape cruciale durant laquelle nous choisissons comment le spectateur va découvrir et contempler un projet architectural pour bien le mettre en valeur !


Laurent Laroche, après la lumière, le végétal et la texture, nous abordons maintenant le sujet du cadrage. Quelle est son importance dans une représentation en image 3D ?

Le cadrage, c’est la genèse d’une image 3D, c’est le moment où nous choisissons comment le spectateur va découvrir et contempler un projet architectural. C’est la base de notre mise en scène et tant qu’il n’est pas arrêté, il est difficile d’avancer sur les autres étapes de réalisation d’une image. Les détails de modélisation, la végétation, la lumière… tout ce que nous allons travailler par la suite va dépendre du cadrage validé. Il va aussi permettre de présenter exactement ce que l’on souhaite, et donc délimiter notre travail en listant tout ce qui doit apparaître dans un champ de vision donné. 

« ….c’est le moment où nous choisissons comment le spectateur va découvrir et contempler un projet architectural… »

Ce choix est prépondérant, pour ne pas dire stratégique car il impacte directement la qualité du rendu final. Un cadrage a le pouvoir de magnifier ou appauvrir un rendu. D’où l’importance de bien échanger avec l’architecte en amont pour qu’il valide un cadrage qui va à la fois valoriser son projet, mais aussi bien le placer dans son futur environnement pour que chaque spectateur puisse juger de sa bonne intégration.

Si le cadrage d’une image est aussi crucial, existe-t-il un process de travail entre l’architecte et Persevoir sur ce sujet ?

Sans parler d’un process, il y a des passages obligés et un ordre de sujets à aborder. Nous commençons toujours par la définition de la situation géographique et l’orientation du projet par rapport aux points cardinaux “Nord, Sud, Est, Ouest” qui influence beaucoup de choses, notamment en termes de lumière et d’ensoleillement.

Ensuite, nous définissons le point de vue. L’architecte nous envoie des premiers éléments, un plan de masse et parfois des photos d’un site existant dans lequel le projet doit s’intégrer pour comprendre le contexte dans lequel le projet se situe. En retour, nous faisons plusieurs propositions de cadrage pour chaque image à produire et des essais de mise en lumière. Enfin, nous arrêtons le cadrage pour chaque image, en s’assurant que toutes les facettes du projet seront bien traitées.


Plusieurs images, cela veut dire plusieurs cadrages sur un même projet ?

Par définition, il y autant de cadrages proposés que d’images car c’est justement pour cela que l’on réalise souvent plusieurs images sur un même projet : pour le présenter sous plusieurs points de vue afin que les spectateurs aient une vision globale et détaillée à la fois. Chaque cadrage proposé doit être pertinent et dynamique “individuellement”, et complémentaires s’il s’agit d’une série de plusieurs images.

Suivant les concours auxquels les architectes participent, il peut y avoir un nombre d’images et de cadrages imposés. Parfois, l’architecte propose de faire une, deux ou trois autres images 3D comme il l’entend pour venir compléter les images demandées. C’est là qu’une vraie réflexion sur les cadrages s’impose et que nous sommes sollicités pour conseiller ce qui nous paraît être le plus valorisant et exhaustif en nombre d’images et de cadrages différents.

Un cadrage est-il une affaire de partis-pris ? En un mot, peut-il être “subjectif” ?

Non seulement il peut, mais il doit l’être ! Par principe, tout choix est subjectif, et l’architecte qui nous confie une image à réaliser pour représenter son projet souhaite qu’elle le magnifie, le rende tout à la fois crédible et séduisant. Et adapté aussi à tout un ensemble de paramètres auxquels il doit lui-même répondre dans le cadre d’un concours. Quand nous représentons un futur bâtiment dans un quartier, sur une esplanade ou une avenue, nous devons non seulement convaincre de sa qualité esthétique en le mettant en valeur (lumière, textures, végétaux…) mais aussi de sa parfaite intégration à un environnement donné.

Techniquement, un cadrage doit donc toujours remplir 2 missions :

  • bien mettre en valeur les qualités intrinsèques du projet, l’idée poursuivie par son créateur, et en montrer assez sur la construction à venir pour séduire le spectateur,
  • apporter la preuve par l’image de sa bonne intégration à un environnement donné pour convaincre ce même spectateur de la faisabilité du projet à cet endroit, en parfaite harmonie avec son contexte.

Je pense que c’est ce compromis qu’un cadrage doit proposer. Tout est affaire d’équilibre, entre l’importance consacrée au projet architectural et celle consacrée à son environnement. Et aussi de point de vue, après en avoir testé plusieurs et déterminé celui qui fonctionne le mieux en termes d’impact. Cela nécessite d’avoir de l’expérience car choisir un cadrage pertinent, c’est faire preuve d’une subjectivité raisonnée et crédible, au service du projet et de sa parfaite adéquation avec son futur espace.

Est-ce qu’il vous arrive qu’une photo définisse un cadrage ?

Régulièrement. Dans ce cas-là, nous devons savoir intégrer le projet dans sa future réalité. Le travail consiste alors à imaginer les cadrages possibles sur plusieurs visuels, et recommander la ou les photos qui serviront le mieux les intérêts du projet architectural. C’est là que l’échange avec l’architecte est important car nous devons respecter son idée, affirmer la personnalité de son projet, et démontrer son harmonie avec son contexte.

Dans ce cas, la contrainte majeure est de s’inscrire dans la photo choisie. Cela signifie que le cadrage et la lumière sont imposés par la photo sélectionnée. Nous devons respecter les contraintes de cette photo pour y intégrer le projet architectural, toujours dans le but de le magnifier. L’architecte peut fournir les photos mais nous pouvons également être missionnés pour faire un reportage photos sur site. Cela fait partie de la collaboration avec les architectes et dépend de la “matière” dont nous disposons.

Avez-vous d’autres précisions à apporter sur le cadrage d’une image ?

Pour moi, artistiquement, un cadrage raconte toujours une histoire qui doit être originale et crédible. J’emploie volontairement le verbe “raconter” car il doit renvoyer à un contexte et une ambiance bien précise qui plante le décor, le théâtre des opérations. On ne fait pas les mêmes choix de cadrage quand le contexte est citadin, campagnard, montagneux ou désertique… et pour que tout paraisse à la fois naturel et esthétique, nous testons beaucoup de possibilités et nous prenons des décisions en vue de rendre notre image crédible.

“Artistiquement, un cadrage raconte toujours une histoire qui doit être originale et crédible.”

Tests de mise en lumière sur un cadrage pré-selectionné permettant à l’architecte de choisir l’ensoleillement le plus pertinent pour la mise en valeur de son projet.

Définir par exemple la bonne lumière à partir d’un cadrage donné fait l’objet d’une vraie réflexion. Quand il y a un environnement urbain dense, la lumière devient difficile à travailler parce qu’il y a quasiment autant de lumières ou d’ombres différentes… C’est aussi à ce moment-là que la relation avec l’architecte bat son plein, dans ces multiples allers retours pour valider une option, peaufiner un aspect, perfectionner encore et toujours chaque détail à la vue la plus réaliste et naturelle possible.


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